Le départ est matinal, nous prennons l’Interstate 15 jusque Barstow. Nous roulons presque une heure avant de vraiment quitter Los Angeles et ses faubourgs. Puis d’un coup, c’est à nouveau le néant. Juste l’autoroute qui traverse le désert. Rien autour. La température commence à monter.
Puis une sortie d’autoroute nous intrigue. Alors voir de plus près…
Après quelques kilomètres, une forme célèbre apparait.
« Route 66 Roadside Attraction », allons bon…
Et oui, c’est lui, le Bagdad Café, celui du film. Il est en réalité situé à Newberry Springs. La ville de Bagdad existe vraiment en Californie, mais elle est située à quelques kilomètres de là, et il n’y a absolument rien à y voir.
Pour en savoir davantage http://fr.wikipedia.org/wiki/Bagdad_Caf%C3%A9
Ce café est une sorte d’endroit de pélerinage, mais principalement pour les Allemands et les Français, là ou le film a bien marché. Aux Etats-Unis, ils n’en ont pas vraiment entendu parler. L’intérieur est un joyeux imbroglio de souvenirs laissés par les voyageurs de passage.
Chacun laisse un mot, un autocollant, une carte de visite…
Une caravane d’époque qui n’ira plus jamais nulle part…
Andrea, la propriétaire des lieux, insiste pour nous prendre en photo derrière le comptoir 🙂
A notre tour de laisser une trace. A défaut d’un autocollant toudisenvadrouille.com, ce sera un sticker du club Mx5France. Si vous y passez un jour, il est sur la vitrine à droite de la porte d’entrée.
Nous avons de la chance, le café est presque désert. Le parking est vide, il y a juste un bus. Un bus?!? Bingo, un bus de…touristes Français! Mais plutôt stéréotypés « Les Bidochons en voyage organisé », peu discrets, parlant forts… Nous avons tenté de lier conversation, en parlant de ce qu’ils avaient déjà fait, une dame a dit qu’ils avaient visité un parc, « avec les indiens machin-truc ». C’était il y a 3 jours, et elle avait déjà oublié ce qu’elle avait fait. Tsssss. Puis en disant que nous venions du Nord, sa seule réplique a été « Ah bin la chaleur, ça doit vous changer un peu! ». OK…
Du coup on avait presque honte d’être Français 🙂 Nous avons déjeuné dans une salle à part, avec le chauffeur du bus, un black très sympathique qui nous a parlé de la France avec des trémolos dans la voix, il était déjà venu plusieurs fois pour voir sa fille qui vit à Orléans. Son rêve est d’aller un jour dans les « French Alps ». Alors que nous, nous rêvons de visiter son pays. Qui a dit que l’herbe était toujours plus verte ailleurs? 🙂
La température monte encore, on dépasse les 45°C à l’ombre. Mais il n’y a pas d’ombre. Encore quelques dizaines de kilomètres au milieu de la poussière, et nous arrivons à un autre haut lieu de la route 66, le Roy’s Café. Avec encore un bus de Français, mais un autre. Décidément!
L’expression « au milieu de nulle part » n’a jamais aussi bien porté son nom. C’est le désert absolu, personne à des dizaines de kilomètres à la ronde. Il ne se passe jamais rien dans ce café, mais tout l’esprit de la route 66 est là. Il faut avoir à l’esprit que dans les années 50, plus de 200 personnes travaillaient là jour et nuit pour nourrir et héberger les vagues de voyageurs qui allaient vers l’Ouest. Depuis, l’autoroute a été construite, et la 66 n’est plus utilisée, ou uniquement par des voyageurs nostalgiques.
A noter que le gars qui tient l’unique station service/épicerie/bar de la région ne se gave pas -il pourrait-, nous avons payé 1$ le Coca. Comment survivre et rouler en moto dans cet enfer climatique? Nous avons nos blousons ventilés, mais ça ne refroidit pas vraiment quand l’air qui passe dans les aérations est brûlant.
Nous nous arrêtons pour passer les T Shirts sous l’eau, nous les remettons sans les essorer, puis nous roulons à nouveau. C’est particulièrement efficace. Mais il sèche en moins de dix minutes, donc on cuit. La moto ne bronche toujours pas. Mis à part les points d’intérêt ci-dessus, la 66 est particulièrement monotone.
Au bout de 15 minutes de route
30 minutes…
30 minutes plus tard…
Ah, là! un truc à voir! Ah non.
De temps en temps, on croise un vestige d’une ancienne station service, ou d’un motel. Mais c’est tout. L’amateur de photo pourra surement se faire plaisir, mais il faudra venir en hiver. Ou en voiture climatisée.
Il semble courant que les voyageurs laissent une trace de leur passage en inscrivant quelque chose avec des pierres. Nous avons trop chaud pour envisager de nous arrêter pour marcher dans le sable 🙂
La solitude est seulement brisée par les convois de trains Amtrak, qui font plusieurs kilomètres de long, tractés ici par cinq (!) locomotives. On se dit que ces trains sont tellement longs que lorsque la locomotive est arrivée à destination, le wagon de queue est surement encore à la gare de départ 🙂
L’aiguille de T° n’en peut plus de monter, quasiment 120°F, soit …50°C! Nous nous promettons de ne plus jamais nous plaindre de la chaleur.
C’est enfin l’arrivée salvatrice à Needles, dans un motel Americas Best Value Inn http://www.americasbestvalueinn.com/bestv.cfm?idp=809&rcode=gpl
Il est encore relativement tôt, Valou s’écroule pour une sieste réparatrice dans la chambre climatisée, quand à moi, je découvre le bonheur absolu, ça:
Et là, je pense bien aux collègues qui bossent 🙂
Je manquerais de peu de me brûler la plante des pieds en sortant de la piscine et en marchant sur le béton surchauffé. Aller chercher une pizza dans la supérette du coin sera un calvaire, même après le coucher du soleil: l’asphalte restitue la chaleur emmagasinée pendant la journée.
Petite pensée aux multiples ouvriers qui séjournaient au motel. Ils sont là…pour bosser sur un chantier et étaler de l’asphalte sur une route. Argh.
Le trajet du jour